FESTIVAL CRI DE FEMMES 2013 PARIS/GUADELOUPE

 
 
Le festival Cri de Femmes 2013 a été une vraie bénédiction pour moi en tant qu’ambassadrice, car il m’a permis d’élargir son exposition à la Caraïbe francophone par le biais de la Guadeloupe, mais aussi d’en faire une histoire de famille. Il est vrai que les artistes sont déjà – eux-mêmes, les uns avec les autres – une vraie « famille ». Mais, cette année – seconde année que je suis ambassadrice de bonne volonté – ma sÅ“ur jumelle, Prisca Melyon-Reinette, et ma mère, Viviane Melyon de France, se sont joint à l’aventure et ont été en quelque sorte, co-ambassadrices pour la France, et il est certain qu’elles souhaitent poursuivre cette collaboration. Je souhaite saluer également l’implication de deux artistes magnifiques, deux hommes – et j’aime dire que ce festival n’est pas contre les hommes (car lorsque l’on parle au nom de la femme en tant que femme, on se voit rétorquer que nous n’avons de cesse de reprocher des choses à l’homme, que les femmes ne sont jamais satisfaites) mais fait, pensé, réalisé avec les hommes. Ces deux artistes sont Gerald Toto et Ousman Danedjo qui ont réalisé l’hymne du festival Cri de Femmes en France « Four Women » de Nina Simone, qu’ils ont adapté… Et leurs voix merveilleuses se sont faites entendre en France, pour les femmes, parlant de souffrance de femmes. J’ai choisi cette chanson l’année dernière car elle m’avait touchée au cÅ“ur… cette façon si simple et si dense à la fois de dire la souffrance de quatre femmes, considérées comme tantôt comme des « petites douceurs » (sweet thing) avec lesquelles des hommes pervers – ou pervertis – aiment assouvir leurs désirs, tantôt comme des femmes en mal de paternité. Elles parlent de femmes noires, métisses, mais elle pourrait tout aussi bien parler de toutes les femmes… Four Women sera certainement, pour la troisième année consécutive, l’hymne qui entonnera la souffrance des femmes.


Autre belle incidence dans notre dissidence : la participation d’autres associations et femmes engagées pour les femmes victimes de violences. À Montpellier,  le Centre Opale en la personne de Feriel Kachoukh qui ont proposé des activités réellement innovantes : entre marches, et soirées poétiques (il serait intéressant qu’elle fasse un petit compte-rendu de ses initiatives). L’association La Perle Noire, en la personne de Diana Ramin, Présidente a très bien Å“uvré en région parisienne– Saint-Denis /Le Blanc-Mesnil –pour faire entendre la voix de femmes, et la cause des femmes victimes de violences sur le campus de l’université de Saint-Denis et parmi les populations et communautés dites « minorités visibles ». Sa soirée s’intitule « Un Cri dans la Nuit ». Elle proposa également des projections.


En ce qui concerne la partie que j’ai organisée – le festival parisien – et co-organisée avec ma mère et ma sÅ“ur – Guadeloupe – nous avons été réellement heureuses des résultats obtenus. Il y a eu une grande mobilisation des artistes  qui ont tous accepté de se jouer gratuitement, pour la « cause ».

Le Festival s’ouvre en Guadeloupe avec une exposition de Daniel Dabriou intitulée « Elles », comme une simple évocation de cette partie de l’humanité qui enfante l’autre partie de l’humanité. Elles, il les a vues belles, élégantes, sensuelles, fortes, charnelles et ce quel que soit leur âge. Les femmes qui ont accepté de poser avaient entre 18 et 78 ans. Elles étaient toutes magnifiques. Cela ma rappelle quelques-uns de mes vers écrits en ayant ma propre grand-mère en tête :
 
On ne voit guère en elle quelques vestiges surannés
Car elle porte toujours le sceau de la beauté
Les empreintes de la féminité
De la femme, à l’Amour, initiée…
Cette aïeule, oracle, prêtresse du passé
Est chair, mère, faite d’amour et de bonté…



La soirée du vernissage fut couronnée par un concert de Marie-Line Dahomay, chanteuse de Gwo Ka et conservatrice de la culture traditionnelle guadeloupéenne. Soirée enchanteresse. Public présent.

On se retrouve ensuite à Paris le 7 mars. Concert d’ouverture du Festival à Paris. J’ai décidé d’ouvrir en musique car la musique est vibratoire. Et je désirais que nous vibrions ensemble et nous avons vibré. Je dois remercier deux personnes pour avoir permis que l’on ouvre le Festival au China : nommément Gerald Toto – trait d’union fondamental entre Emma Raynaud – seconde personne à citer – et moi-même. Merci à eux deux de l’opportunité, merci à Emma et au propriétaire des lieux de nous avoir si bien reçus. Nous nous y sommes retrouvés avec une belle brochette d’artistes. Une première partie poétique a consacré le mot, la femme, dénoncé la femme bafouée, avec une énergie, un talent, incommensurable : On a compris avec eux que la femme est un homme comme les autres (Capitaine Alexandre), que le journal d’une putain violée est d’un lyrisme sans borne (Emmanuel Vilsaint), que l’inceste souille encore des enfants (Marie Martias), que la mère est fondamentalement fondamentale (Abad Boumsong) et qu’elles sont toutes libres, free, (Nèfta Poetry & Gerald Toto, Melt In Motherland). En seconde partie, des chanteurs qui ont donné leurs cÅ“urs – à croire qu’ils en avaient plusieurs tant la communion entre les esprits étaient, auraient pu être dits, fantasmagorique… Mais réelle, tellement réelle. Portés par les voix, les chants, les mélopées : Gasandji, celle qui éveille les consciences, nous dit que la présence d’une mère va bien au-delà de la vie même quand elle ne peut délivrer entièrement le message d’amour qui guide… Mais libère-la cette voix. D’autres à la gratte, (tous  était à la guitare, ou presque), nous ont enchanté de leur message dédié aux femmes ; s’ils ne les ont pas chantées nommément, c’est en leurs noms  qu’ils ont donné de la voix (aux sans-voix). Et le voyage fut riche : Lara Bello, chanteuse espagnole (Granada) venue de son pays natal entre le flamenco et l’orient, Christophe Isselee et Sylvain Terminiello les Kitchen’s Tales bluesy, jazzy, méditerranéens ; Ananze Batanga et son courage de maman reggae chante sa petite sÅ“ur ; Fabrice et le RedGold&Green, mi-reggae, mi-folk ;  Natascha Rogers percussionniste talentueuse et ses latines envolées, enfin Gerald Toto en clôture qui a fait chanter le public. Ce public ravi. Cette soirée placée sous le « symbole » de Nina Simone, femme d’engagement et de discours, a attiré des centaines de personnes. Le cabaret était plein à craquer ! Sans doute, près 300 personnes sont venues entendre les artistes et célébrer les femmes.


Durant cette soirée, il était indispensable de sensibiliser. Mon credo. Les artistes se font vecteurs – pas uniquement de la musique – mais aussi du message, du combat que je décide de présenter. Cette année, j’ai décidé de parler de l’association « Association Femmes du Kivu ». Cette association vise à sensibiliser le public français au sujet des violences que vivent les femmes au Congo, et plus précisément au Kivu, en marge de l’exploitation du coltan : viols collectifs, arme de guerre.

Je me ferai plus concise pour la suite bien qu’elle mérite tout autant de louanges.


Le 8 mars, des événements sont organisés des deux côtés de l’Atlantique. En Guadeloupe, un concert « La femme est une promesse tenue » (citation de Simone de Beauvoir) avec Sistah Jahia qui a emporté le public et en première partie de la poésie avec Léna Léticée Chanas, poètesse et écrivain. À Paris, le même jour, je proposais une projection de deux films sous l’intitulé « Cri de Femmes et le 7ème art »: « Naître quelque part » de Claude Bagoe-Diane et « As If I am not there » de Juanita Wilson au Cinéma La Clef (34 rue Daubenton, 75005 Paris, M° Censier-Daubenton). Le second film a donné lieu à un débat très intéressant : nous avons tirer une ligne de l’Afrique à l’Europe, entre la Bosnie et le Congo, en évoquant le viol (collectif) comme arme de guerre et montrer le systémisme de ce phénomène. C’est l’ouvrage de Bolya (La Profanation des vagins) qui m’a amenée à penser qu’il était important d’évoquer l’histoire de ces femmes profanées par la guerre, par les hommes qui se font la guerre… Je dois remercier Raphaël Vion, directeur du Cinéma La Clef, qui a accueilli cette projection, m’a suggéré ce film (magistral et primé plusieurs fois) et a été réellement d’une aide précieuse pour la mise en place des projections. Merci à lui et à toute son équipe.


Le 16 mars, place à la photographie et au théâtre. Dans une galerie d’arts, génialissime – qui malheureusement et heureusement a vécu ses dernières semaines après le festival – la Galerie Goutte de Terre fondée, créée, et menée de main de maitre par Raphaël Schaltegger, peintre, musicien, et céramiste, et un monsieur magnifique qui fait vivre l’art(isanal), l’art(iste), l’art(découverte), deux rencontres programmées : une exposition-projection « DIASPEAURAMA » de Manu Dorlis/Dorlis Kinbwa Visuel, une interrogation que la beauté de la femme noire, la beauté de la femme, une décomplexion de l’esthétique noire. La projection fut suivie d’une pièce de théâtre mise en scène par Sirine Achkar et interprétée par Anyes Noel. Ce monologue a conquis le public tant la performance de la comédienne était prodigieux : discours d’une femme qui a perdu sa fille albinos, assassinée par le père-même de l’enfant.

Le 19 mars, toujours à la Galerie Goutte de Terre, Gerald Toto et moi avons présenté une création – avec qui j’ai fondé depuis un duo pérenne « Melt In Motherland » – qui parle de la femme, de la féminité, de la féminitude. « Mousmée, journal d’une femme orchidée » parle de sensualité, de découverte de soi, d’affirmation de soi, de sexualité, de liberté et de libération, c’est aussi un questionnement sur l’amour…   Création poésie acoustique, j’en ai écrit les poèmes et Gerald Toto en compose la musique, en chante l’âme, j’en déclame le message… Cette création signe la fin du festival parisien. Direction la Guadeloupe pour achever cette célébration.


On se retrouve à l’Espace Viv’Elle en Guadeloupe, là où ce sont déroulés tous les événements en Guadeloupe. Le 22 mars, de nouveau, un concert intitulé « On en nait pas femme, on le devient ». Une citation de Simone de Beauvoir encore une fois. Riche rencontre entre la danse, avec Pascale Désirée qui a proposé une performance entre danse, et lecture, chant lyrique (Carole Venutolo), slam (Williams Café) et poésie acoustique (Gerald Toto et Nèfta Poetry, moi-même). Ce fut une très belle soirée. Le 28 mars, le festival se clôt sur le concert magnifique du groupe SOFT.

Après quelques mois, avec la distance, je pense que cette édition fut très réussie. Je voudrais donc saluer la participation de l’Espace Viv’Elle, de ma mère Viviane Melyon de France et de ma sÅ“ur Prisca Melyon-Reinette, et Maryvonne Erdan. La presse a réellement bien relayé l’information et je souhaite remercier tout particulèrement Patrice Ferus, Anne Bocandé, Wanda Nicot, Migail Montlouis-Félicité, Marie-Michaël Manquat ; à Guadeloupe Première, François-Joseph Ousselin, Mariz Picord, Pascale Bravo ; Nathalie (ParisTribu), et tous les médias en ligne qui nous ont permis de faire passer le message !

Je remercie Jael Uribe et le Movimiento Mujeres Poetas Internacional de m’avoir accueillie par elles, par nous… hommes et femmes de bonne volonté et d’engagement, pour les femmes et leurs enfants, victimes de violences et d’abus. Continuons à dénoncer ces méfaits et à célébrer l’humanité en chacun de nous…

J’espère que nous nous retrouverons l’année prochaine, en 2014, pour célébrer les femmes, partout en France !
 

Peace

Nèfta Poetry


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